En liaison avec M. Pierre Eddy Cezar, Vice-Doyen de la Faculté des Sciences de l’Éducation de l’Université Quisqueya, M. Frantz Jean, Professeur à l’Université d’État d’Haïti, rend compte de l’action de rattrapage scolaire menée par l’UniQ en faveur de plus de 5000 élèves issus d'une centaine de lycées situés dans les zones défavorisées, victimes des exactions des gangs tout au long des mois passés. Cet exemple de solidarité et d’entraide a été appuyé par l’UNICEF.

 

L’UNIVERSITÉ QUISQUEYA NE FINIT PAS DE SURPRENDRE LE PAYS

Sans tambour ni trompette, malgré l’ambiance délétère dans laquelle le pays est plongé depuis plus d’un an avec le règne des gangs armés, les kidnappings et, depuis peu, l’assassinat du Président Jovenel Moïse, l’Université Quisqueya n’a pas divorcé d’avec sa mission d’aider la communauté où elle est implantée. Elle continue malgré tout et en dépit de la situation chaotique à accompagner ses jeunes (ses étudiants) à jouer leur rôle dans la vie de leur pays à un moment où la majorité des citoyens haïtiens qui le peuvent rêvent d’autres cieux, d’autres frontières et d’autres horizons. Elle les aide à convertir les savoirs théoriques en réalisations pratiques ! PRATIQUES : tel est le maître-mot. L’histoire retiendra qu’en cette année académique difficile 2020-2021, l’Université Quisqueya aura été l’une des rares institutions universitaires à s’élever au-dessus de la mêlée en faisant acte de présence valable dans cette Haïti ayant perdu le sens de l’entraide et de l’amour fraternels.  

Tout a commencé il y a deux ans, avec cette idée originale du Recteur Jacky Lumarque d’accompagner les jeunes Haïtiens à réussir les examens officiels. C’est ainsi qu’il a mobilisé sa  Faculté des Sciences de l’Éducation, elle-même aidée dans cette tâche par les cinq autres Facultés de l’UniQ (Médecine, Agronomie, Droit, Sciences Économiques et Génie et Architecture). Mais, cette année, afin d’être utile au plus grand nombre, l’UniQ a mis sur vidéo des cours de rattrapage (plus d’une centaine), l’idée étant d’aider les enfants de 9ème AF et de NS4 qui n’ont pas eu, comme beaucoup d’autres gosses et gamins de leur âge, la chance de passer suffisamment de temps à l’école. L’UniQ s’est donc donné pour objectif de réduire et de combler au besoin certains fossés creusés entre des frères et sœurs, filles et fils d’un même pays.      

Toutefois, s’il y a deux ans, l’Université Quisqueya avait fait cavalier seul dans cet accompagnement, elle a été rejointe cette année par l’UNICEF. Grâce à ce soutien, l’accompagnement a pu s’étendre à un très large groupe. Tous les lycées des zones réputées « chaudes » y ont trouvé leur place avec, en plus, l’inclusion de plus d’une cinquantaine d’écoles de la 3ème circonscription de Port-au-Prince (Bas Bel-Air, Carrefour Feuilles, Decayette, Village de Dieu, Cité Plus, Cité de l’Éternel, 1ère, 2ème, 3ème, 4ème, 5ème Avenue, Martissant, Grand’Ravine, Tibwa et Fontamara). 

Ces cours de rattrapage mis sur vidéo et distribués gratuitement dans les écoles ont constitué cette année la grande nouveauté de la contribution de l’UniQ visant à rendre le pays un peu plus juste pour ses enfants dans la mesure où, quoi qu’il en soit, les textes d’examen seront les mêmes pour tous, que les élèves aient passé deux, trois, cinq, huit ou dix mois à l’école. 

Bravo à Quisqueya pour avoir joué son rôle en étant juge de la situation du pays, plutôt que d’en rester simplement comptable. Bravo à tous les dirigeants de cette noble institution pour leur initiative, que je considère comme un combat d’avant-garde, consistant à réduire les fossés creusés par 200 ans de « je m’en foutisme » et par 217 ans de « le paradis, c’est moi, et l’enfer, ce sont les autres ». 

 

Frantz Jean, 
Professeur à l’Université d’État d’Haïti
Coordonnateur du Bureau du District Scolaire de Delmas (MENFP)

 


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